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Saint Martin d’Entraunes : Durante poursuit à propos de cette localité : « Ce hameau dépendant d’Entraunes doit sa naissance aux Templiers, ils y avaient bâti un hospice et une église dédiée à Saint Martin. Le portail de cet édifice gothique en marbre noirci par le temps, est orné d’une élé-gante frise, délicatement sculptée. Dans le médaillon ovale du frontispice on voit l’étoile de l’Ordre, la croix et le croissant entourés d’une couronne de lierre, emblème de la bienfaisance des fondateurs. Sous leur protection, les habitants, favorisés d’ailleurs par la fertilité du sol, virent ac-croître cependant leur prospérité ».
P. Canestrier indique que l’église paroissiale Saint Martin possède un curieux portail avec « arceau marqué du croissant, du soleil, du glaive cruciforme ».
Certains ont vu dans cette église forteresse du XIII ème siècle, comme à Villeneuve d’Entraunes, une fondation des chevaliers du Saint Sulpice, voir des Trinitaires sans en apporter la preuve.
Les auteurs du récent inventaire des « Sites templiers de France » plus téméraires affirment : « Un trésor templier serait caché dans l’église romane de Saint Martin d’Entraunes ».
Prudent, J.A. Durbec voit sur le porche, les gravures d’une « étoile à neuf raies », d’un « croissant », ainsi que celle de « la croix latine », somme toute des motifs de décoration assez fréquents sur les monuments chrétiens, bien que ressemblant à l’emblème du Temple.
Il estime tout de même curieux leur juxtaposition à Saint Martin d’Entraunes, sur une même pierre, au-dessus de la porte d’une église.
Pour cet historien, l’inventaire de 1308 n’ayant fait apparaître aucune possession de l’Ordre à Villeneuve, Saint Martin et Entraunes, toute attribution de vestiges ou de monuments au Temple, dans ces villages, doit être rejetée comme non fondée.
Entraunes : Néanmoins, Durante persiste encore, à propos de cette localité, proche des sources du Var, au pied du col de la Cayolle : « Le village actuel n’offre plus d’autre souvenir que celui de la présence des Templiers, possesseurs de terres considérables dans le territoire. La principale maison s’élevait sur le sommet du quartier nommé Conca. L’origine de la porte principale de cet édifice existe encore, on y voit en entier une frise élégamment sculptée, avec ce reste d’inscription : S.SEPULCHRI 1143.
Au même quartier du plan, dans une chapelle dont les murailles sont lézardées, on conserve un vieux tableau représentant la vierge assise sur un nuage et soutenue par des anges.
A ses pieds se prosternent des religieux cuirassés implorant son appui. La croix qu’ils portent sur leurs armes est celle des chevaliers du Temple ».
P. Canestrier (1954) reprend ces données qu’il interprète différemment : « Sur l’éperon rocailleux des Gourrées, d’où l’on découvre tout le val, se profilent les restes importants de l’ancienne commanderie des chevaliers du Saint Sépulcre, ordre hospitalier et militaire organisé par Godefroy de Bouillon en 1099, rétabli en 1496 par le Pape Alexandre VI et resté dans la suite sous le haut patronage des Papes.
Un linteau de pierre porte la croix de l’Ordre et l’inscription : « 1564. Sancti Sepulcri Auxilium ».
Au-dessus des écuries et des caves voûtées on discerne trois étages comportant chacun six grandes pièces, des fenêtres à ogives, des portes et des clés de voûte ornementées de petites rosaces. Une terrasse se déploie devant la façade ».
René Liautaud auteur d’une monographie sur Entraunes (1982) va plus avant, lorsqu’il écrit que les Templiers auraient eu deux chapelles dans cette localité. «L’une sur l’éperon de Saint Clément, presque face au rocher de Bramus, l’autre aux Gourrées où se dressaient encore au siècle dernier les restes d’un important bâtiment de trois étages sur caves et écuries, chaque étage comptant six grandes pièces, avec sur l’un des linteaux la date de 1564, ce qui bien entendu ne saurait concerner les Templiers.
Il s’agissait probablement des chevaliers du Saint Sépulcre ou Trinitaires, à en croire les croix rouges et bleues des manteaux des deux personnages sur le tableau « le Couronnement de la Vierge » au-dessus de la porte de la sacristie ».
Après avoir cité la « Chorégraphie » de Durante (1840), R. Liautaud tranche ainsi : « Pas de Templiers à Entraunes, mais d’autres chevaliers, ceux du Saint Sépulcre ».
Les restes de cet important hospice, placé à deux kilomètres au nord du village, sont encore nettement identifiables de nos jours. Accrochés sur une pente surplombant de 200 mètres le torrent du Var, les ruines bordent l’ancien chemin grimpant vers le col de la Cayolle. On y accède depuis la route surmontant le site. Les quelques pans de murs, dépourvus du linteau daté de 1143 selon Durante ou de 1564 selon Canestrier et Liautaud, présentent l’intéressante structure archéologique de l’ensemble. Image émouvante de l’un de ces antiques établissements, dressés sur le bord des chemins du Moyen-Age, pour accueillir les pèlerins et voyageurs qui les parcouraient.